Le 9 septembre 2025 marque un tournant décisif pour l’industrie textile européenne. Le Parlement européen a adopté de nouvelles règles visant à réduire les déchets textiles, tandis que la France met en place, dès le 1er octobre 2025, un système d’affichage environnemental obligatoire pour les vêtements. Ces mesures répondent à un enjeu majeur : chaque Européen génère annuellement 12 kg de déchets de vêtements et chaussures, et moins de 1% des textiles mondiaux sont recyclés en nouveaux produits.

En Europe

Ces mesures s’inscrivent dans la stratégie européenne pour une économie circulaire et une mode plus durable. Pour le textile, les principaux axes sont :

  • Responsabilité élargie des producteurs (REP) : Les fabricants, importateurs et metteurs sur le marché devront financer la collecte, le tri et le recyclage des déchets textiles dans chaque État membre.
  • Cette obligation s’applique à tous les producteurs, y compris ceux utilisant le commerce électronique, qu’ils soient établis dans l’UE ou à l’extérieur.
  • Produits concernés :
    • Vêtements et accessoires
    • Chaussures et chapeaux
    • Linge de maison (couvertures, draps, rideaux)
    • Sur initiative du Parlement européen : possibilité d’inclure les matelas
  • Lutte contre l’ultra-fast fashion : Les États pourront ajuster les contributions financières des producteurs pour décourager les pratiques de surproduction et de renouvellement ultra-rapide des collections. Le but ? Creer ainsi un mécanisme incitatif vers des pratiques plus durables.

Rappelons qu’en matière d’ultra fast fashion, la France est pionnière en la matière avec le projet de loi évoqué dans cet article adoptée le 10 juin 2025 par le Sénat et en cours d’accord par la Commission mixte partitaire et la notification du Parlement européen.

Calendrier de mise en œuvre :

  • 30 mois après l’entrée en vigueur : mise en place des systèmes EPR par chaque État membre
  • +12 mois supplémentaires pour les micro-entreprises
  1. En France : au 1.10.2025, renforcement de l’affichage existant

L’étiquetage des vêtements est déjà pris en main par la France avec la loi AGEC.

Ainsi, cette nouveauté européenne d’affiche environnemental est immédiatement intégrée et en vigueur sur le territoire national.

En France

Au 1er octobre 2025, la France va plus loin en mettant en place un dispositif d’affichage environnemental sur les vêtements, encadré par le décret n° 2025-957 et l’arrêté du 6 septembre 2025.

Ce dispositif, d’abord volontaire, vise à informer le consommateur sur l’impact écologique de chaque vêtement vendu.

Quels produits sont concernés ?

  • Tous les vêtements entrant dans le champ du règlement (UE) n° 1007/2011 (vêtements neufs ou remanufacturés).
  • Sont exclus : linge de maison, vêtements à usage unique, vêtements avec composants électroniques, ou contenant +20% de matières non modélisées environnementalement.

Comment est calculé l’impact environnemental ?

Un indice pour 100g de produit doit être déterminé et indiqué.

Le calcul repose sur une méthodologie officielle couvrant tout le cycle de vie du produit (de la matière première à la fin de vie).

Le score final, appelé “coût environnemental”, est exprimé en points d’impact :

  • Plus le score est élevé, plus l’impact est important.
  • Le calcul prend en compte la nature et l’origine des matières, les processus de fabrication, la durabilité, les possibilités de réparation, la recyclabilité, le transport, etc.

=> Méthodologie de calcul

Le coût environnemental intègre 18 catégories d’impact :

16 catégories standard européennes :

  • Changement climatique (21,06% de pondération)
  • Écotoxicité de l’eau douce (21,06%)
  • Particules (7,10%)
  • Utilisation des ressources en eau (6,74%)
  • Utilisation de ressources fossiles (6,59%)
  • Utilisation des sols (6,29%)
  • Et 10 autres catégories

2 catégories spécifiques françaises :

  • Export hors UE (5 000 points/kg non réutilisé)
  • Émission de microfibres (1 000 points/kg de référence)

=> Coefficient de durabilité

Un élément innovant du système français : le coefficient de durabilité (entre 0,67 et 1,45) qui module le calcul selon :

  • Largeur de gamme (50% de pondération) : nombre de références proposées
  • Incitation à la réparation (50% de pondération) : rapport coût de réparation/prix de vente et services proposésExemple :

Un coût environnemental de 1 000 points représente un fort impact pour une paire de chaussettes ou un body bébé, mais un impact faible pour un manteau ou un jean.

Quelles informations devront être affichées ?

  • Le score environnemental (nombre de points d’impact total, et par 100g de produit) avec la date de calcul.
  • Un pictogramme officiel avec mention « Coût environnemental », non modifiable, visible sur l’étiquette ou en ligne, au moins aussi lisible que le prix standardisé

 Quelles sont les obligations pour les entreprises volontaires opérant sur le marché français ?

  • Transparence : Les entreprises doivent tenir à disposition les données justifiant le calcul du score.
  • Mise à jour : Le score peut être réactualisé tous les 3 mois, et doit être mis à jour en cas de modification de la méthodologie.
  • Communication : Toute communication sur un score environnemental doit obligatoirement s’accompagner du score officiel.

Calendrier et étapes clés

  • 1er octobre 2025 : Entrée en vigueur du système français d’affichage
  • 1er octobre 2026 : Fin de la période transitoire pour certaines obligations
  • 20 mois après publication : Transposition des règles européennes EPR
  • 30 mois après entrée en vigueur : Mise en place effective des systèmes EPR nationaux

Impacts pratiques pour les entreprises françaises et italiennes

Pour les entreprises françaises
Opportunités :

  • Différenciation concurrentielle par la transparence environnementale
  • Anticipation des futures réglementations européennes
  • Amélioration de l’image de marque auprès des consommateurs sensibilisés
Défis :

  • Collecte et traçabilité des données sur toute la chaîne d’approvisionnement
  • Coûts de mise en conformité et de calcul
  • Formation des équipes aux nouvelles méthodologies
Pour les entreprises italiennes exportant vers la France
Impact immédiat :

  • Obligation de conformité pour les produits vendus en France
  • Nécessité d’adapter les systèmes d’information et de communication
  • Préparation à l’extension probable du système à d’autres pays européens
Préparation aux règles Européennes :

  • Anticipation des coûts de collecte et recyclage
  • Révision des modèles économiques vers plus de durabilité
  • Développement de partenariats avec les acteurs du recyclage